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Mon autisme

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Les tiroirs....

Et puis, ben y'a les autres aussi...

Je suis le sentiment de rejet exacerbé de Jack
Ikkyu, Background
--> Perso inventé pour un forum sur Saint Seiya, les chevaliers du Zodiaque, même si ça n'a pas grand chose à voir ^^
 5 juin 1978, Bodh-Gayâ, Inde:

Le soleil, comme souvent en cette saison, tapait fort sur les chaumières; imaginez donc comment il vous serait alors bien moins supportable qu'en pleine mousson d'être enceinte de six mois (si bien sûr vous étiez une femme ^^).
Mais tel était le cas de la douce Indhira et, en ce jour, elle sentait au fond d'elle qu'il se passait quelque chose d'inhabituel. Elle n'aurait su vous dire si ce qui se tramait la concernait ou non, si cela était plutôt une guerre qui se préparait, un Dieu qui prendrait forme dans le village ou bien encore si les pluies de la mousson, Ô miracle, allaient subitement démarrer, avec donc quatre mois d'avance...
Non, elle n'aurait su vous dire. Mais elle le sentait bien, dans l'air, intuition féminine sûrement, aiguisée peut-être par ce chamboulement interne que lui apportait sa grossesse.

Indhira en fut d'autant plus surprise lorsque qu'elle perdit les eaux.. Malheur...
Elle implora les Dieux: le bébé, s'il naissait maintenant, serait déformé, trois mois d'avance oblige, et encore, s'il survivait!
Prise alors de panique, elle quitta sa maison afin de retrouver son mari ou le médecin du village... Mais le travail était en marche et les contractions commençaient.

En sueur, au bout d'à peine 15 minutes, la jeune femme s'installa à l'ombre d'un figuier et, sachant très bien qu'elle allait accoucher en ce lieu, appela à l'aide...

Il y avait bien des travailleurs non loin, et même s'ils n'étaient pas propres, courbés qu'ils étaient dans leur champs, ils auraient tout de même pu partir à la recherche du médecin...
Mais rien n'y fit!! Indhira avait beau s'égosiller, les hommes ne semblaient pas entendre...
Et elle ne voyait pas, dans l'arbre, ni n'entendait cette enfant qui riait et qui, tout puissant qu'il était, séraphin, djinn ou bien simple esprit protecteur, les avaient écartés du monde:


" Tu t'essouffles pour rien, belle Indhira!! Penses plutôt à ton enfant qu'à l'hygiène ou bien ton confort... Penses donc à ton enfant!! Hihihihihihihihi!! "

Et il faut croire que les paroles de "l'enfant" lui parvinrent car Indhira abandonna ce vain appel à l'aide...

" Voilààà... Montres-moi si c'est bien lui!!
(...)
Et souffres en silence, veux-tu? J'ai les oreilles sensibles... Hihihihihihi! "


Les contractions se rapprochaient, la douleur était plus vive, mais, étrangement, tout devint beaucoup plus tranquille!

(...)

Et il naquit, celui qui serait Ikkyu; il naquit et déjà, rien ne se passait comme d'accoutumée lors d'une naissance.
Tout d'abord, il ne pleura pas comme tout un chacun, ces pleurs causés par l'air qui vous rentre dans les poumons et vous les brûle, histoire de signaler, pour vous introduire dans l'existence, que la vie est souffrance; non il ne pleura pas et, pour tout vous dire, il rit même!
Indhira n'en revenait pas mais elle ne se demandait même pas ce qu'il était en train de se passer, absorbé qu'elle était par le soulagement de voir son fils en bon état.

Les yeux grands ouverts, Ikkyu riait donc, montrant toutes sortes de choses qui l'émerveillaient du doigt, et surtout ce petit enfant qu'il y avait dans l'arbre: comme il aurait voulu lui aussi y grimper....
Toutes sortes d'animaux vinrent alors: des araignées avaient visiblement confectionnés une sorte de pagne de soie pour l'enfant et s'attachèrent à lui enfiler sitôt qu'un tigre, sans que la mère n'eut peur, avait bouffé le cordon ombilical, des singes apportèrent de l'eau à la mère, quelques biches des fruits pour qu'elle se requinque, et ainsi, une organisation presque militaire de la faune environnante vint combler le manque d'aide apportée par les hommes alentour qui semblaient trop ancrés dans leur quotidienneté....


" Hihihihihi, c'est bien toi!! J'en suis sur!!
Profites bien, mon tout petit, profites tant que tu le peux, car je te connais et sait ce qu'il en est, mon tout petit...
Profites, profites bien, car, toi, tu va morfler!! Hihihihihihihihi!!!! "


Et l'apparition que personne ne voyait ,si ce n'était le concerné qui lui tira alors proprement la langue, s'en fut....

" C'est Indhira!! Elle a eu son enfant, venez l'aidez!! " Fit alors un homme aux abords d'un champ. Il s'approcha d'elle et s'agenouilla à son coté: " Indhira, fallait appeler, voyons.... Enfin je vois que tout s'est bien passé mais quand même... ton mari aurait aimé assister à cela, je pense, non? "

Mais Indhira ne l'entendait même pas, subjugué par son petit bout de chou:

" Il s'appellera Ikkyu... "



Le temps passa et l'enfant grandit, très précoce, parlant bien avant l'âge par exemple. Il devint la petite star du village car il y avait là un sacré phénomène qui savait parfois remettre en place un adulte par de simples petits mots.... On lui prédisait un grand avenir, comme prêtre bouddhiste peut-être, ou professeur, certains voyaient même en lui le futur président de l'Inde, celui qui ferait émerger leur pays de la fange dans laquelle elle se roulait...

1985, Bodh-Gayâ, Inde:

Le corps balancé dans tous les sens, il tentait de fixer un point dehors, ce qui n'est pas vraiment facile dans un bus indien, vous ramenant chez vous après l'école alors que la seule route disponible est une piste tout juste tracée...
Mais Ikkyu aimait cela: laisser son corps bouger avec le rythme de la route sans le tenir, bringuebalant....


* Tiens, il était gros ce trou là, j'ai bien failli m'y casser le cou cette fois-ci!! *

" Ikkyu, s'il te plait!! Nous sommes arrivés!! "

Ça, c'était sa gouvernante, celle qui s'occupait de lui quand ses parents ne le pouvaient pas, car il faut vous dire qu'Ikkyu était né dans une bonne famille...
Docilement, l'enfant se leva et n'en crut alors pas ses yeux: comme elle était belle cette enfant, là, à quelques centimètres de lui et qu'il n'avait pas vu... Comme elle était zouli^^, mais comme elle était sale...
Ikkyu se stoppa net pour la laisser passer, et, bien qu'il savait ce qu'il faisait, il se fichait éperdument des traditions, surtout de celles qu'il ne comprenait pas.
Car en Inde, il y a des lois qui ne sont pas écrites, mais qu'il vaut mieux, pour tous, respecter... Les hommes sont ainsi parfois ancrés dans des coutumes qui les dépassent, dont ils savent qu'elles sont obsolètes, ridicules même, sans fondement, mais qu'ils continuent, avec ferveur, à suivre aveuglément.
Ikkyu, donc, n'était pas de basse caste. Tout en haut de la pyramide sociale, chacun lui devait un profond respect, un asservissement presque, et cette intouchable là, quoique si mignonne pour l'enfant, se devait donc de le laisser descendre du bus, en baissant les yeux devant lui, de préférence...
L'intouchable petite Samara, car tel était son nom, remplissait son rôle à merveille, le regard rivé sur ses pieds, étreignant avec vigueur tout le fatras duquel elle était chargée, et attendant, docilement, que ce petit garçon, plus jeune qu'elle d'au moins deux ans, veuille bien se donner la peine de descendre vite.


" Euh.... Je suis Ikkyu, et toi? "

Visiblement, le petit garçon l'entendait d'une autre oreille et, bien que conscient du scandale qu'il était en train de perpétrer, tout ce qui lui importait était d'apprendre le nom de cette fée qu'il avait devant lui, car telle beauté ne pouvait être naturelle, il en était sur!
Les yeux se rivèrent sur les deux enfants, les messes basses commençaient et la gouvernante, comprenant qu'encore ne fois Ikkyu faisait des siennes, chose que, soit dit en passant, elle appréciait beaucoup chez lui car démontrant bien, parfois, la stupidité de ces foutus règles morales, le poussa un peu, le pressant ainsi de descendre au plus vite...


" Mais euh!! Je veux juste la connaître...
Je suis Ikkyu, tu veux que je t'aide à porter tes affaires... Vas-y, donnes les moi... "


La petite fille ne savait plus où se mettre, toute partagée qu'elle était dans ses sentiments: n'était-il pas charmant ce jeune homme? Et après tout, n'était-ce pas lui qui lui proposait son aide?
Mais elle le savait bien, en aucune façon elle n'avait le droit de se sentir vivre à coté de lui: elle était un déchet de leur société, elle n'avait que le droit de respirer en cet instant.

Les mots commencèrent à fuser, pressant Ikkyu de stopper son manège.

" C'est une honte!!... Quelle éducation, non mais j'vous jure!!... Tu devrais avoir honte Samara!! "

Car bien sur, tout ne pouvait être la faute que de la jeune fille... Et Ikkyu se rendit compte de son erreur à ce moment là, et son esprit commença à réfléchir à tout berzingue....


* elle s'appelle Samara... *Soupira-t-il en pensée.

" Mais, mais... mais... Taisez-vous!!.. C'est ma faute!!
Je.. excuses-moi Samara!! Je... "

Et dans la panique d'avoir autant fauté, Ikkyu se jeta à terre, à quatre pattes. Les yeux s'arrondirent, à quoi donc jouait-il encore cet énergumène?

" Ikkyu, dépêches-toi, veux-tu?
(...)
Oui, cesse de faire le pitre, cette enfant ne mérite pas que tu fasses le ridicule pour la sauver de cet affront! "


Mais Ikkyu était déjà dans son délire, espérant que cela amoindrirait la "faute" de sa si belle Samara...
D'ailleurs, il en profitait, à quatre pattes qu'il était, pour tenter de capter son regard par moment. Et quelle était sa joie quand il y parvint, car il vit, il le vit dans son regard à elle qu'elle ne lui en voulait pas, qu'elle l'aimait bien même...


" Miaoooooouuuuuu!!!!
Maooow, Miaoouuuuuuuuu!!!!! "


C'est alors qu'aucune phrase ne se finit, le silence se fit dans le bus soudainement et il n'y avait plus qu'Ikkyu, folie douce, qui imitait le chat.......

" Maaaaaoooow.......
Miaooooouuuuu!! "


Et l'enfant commença à se promener, se frottant à quelques jambes, faisant mine de ronronner, car si devant Ikkyu la petite fille devait s'arrêter, devant un chat, il le savait, elle pouvait au moins exister...
Les gens ne comprenaient pas, bien sur, le message qu'Ikkyu cherchait à faire passer, mais il était là, se rabaissant pour leur faire comprendre que le système était un frein à la vie, pourquoi ne pouvait-il donc pas lui demander son nom, la raccompagner chez elle? Pourquoi le voyait-on comme l'élément d'un pyramide sociale plutôt que pour ce qu'il était?

" Il suffit!! "

Un homme de bonne stature se permit donc d'intervenir.

" Ikkyu, sors de là.. Et toi, Samara.... Grrrrrrrr "


" Maooooow? "

" Ah!! Tu veux jouer, sale minou? "

L'homme vint donc chopper Ikkyu par le col. Et il se débattit, donnant des coups de griffe, pestant contre cet intriguant qui se mêlait de ce qui ne le regardait pas...
Mais vint le moment, à coté de la sortie du bus, ou l'homme fit le geste de trop, car à cet instant, plus personne ne pensait à Samara, si ce n'était cet homme de bonne stature et Ikkyu, à défaut d'avoir pu simplement raccompagner sa belle chez elle, avait réussi à attirer l'attention sur lui...

Sblam!!! 

La claque fut énorme et Samara en tomba à terre, lâchant donc ses paquets ce qui fit se répandre tous les fruits à terre...
Et elle gisait là, au sol, les mains sur sa joue rougissante quand l'homme allait continuer sa leçon, levant alors la jambe pour lui assener un coup de pied de trop...

Pour Ikkyu, le temps s'était arrêté... Son esprit s'était focalisé sur l'instant de la claque et il ne se rendait pas compte, qu'en lui, une force beaucoup trop puissante pour un enfant s'éveillait....

Et les gens étaient fixés sur lui, non sur l'homme qui le tenait, non sur la fillette qu'habituellement ils auraient châtiés avec le donneur de leçon; il fixaient maintenant tous Ikkyu, soudainement entouré d'un aura dorée et dont le visage montrait que seule la stupeur l'étreignait.....


* Hihihihihihihihihi, montres-lui donc, montres-lui à ce stupide qui n'a pas compris, que lui aussi,était un animal.... Fais-lui ravaler son orgueil Ikkyu...
Montres-lui donc!! Hihihihihihihi!! *


C'est ce qu'entendit Ikkyu dans sa tête, mais il ne prêta pas attention à cette voie pourtant familière, voie qu'il entendait assez souvent et qui cherchait à le pousser à chaque fois à dévoiler il ne savait quelle force, voix appartenant à un enfant, semblait-il, un enfant pour le moins arrogant en ce qui concernait l'homme!

Shhhhhhhh... (petit silence).... shbraaaaaaaOOOOOM!!!

Seuls Samara et Ikkyu avait été épargnés par l'onde qui se produisit alors. Non pas que tous furent tués, mais tous, dans les 150 mètres alentours, furent balayés.... L'hirsute donneur de leçon disparut par contre, tout bonnement et simplement....


* Il t'en aura fallu du temps, mon cher Ikkyu.. Et en plus, je ne t'en demandais pas tant!!
Ne t'ais-je pas déjà signalé que j'avais les oreilles fragiles? Hihihihihihihihi!! *



Le lendemain:

" Tu es devant un choix qui va déterminer tout le futur de ton enfant, Indhira, et je ne peux que t'aiguiller en cela.... "

Le regard du Sage ne quittait pas le petit Ikkyu, lui souriant tout le temps:

" Choisis bien, car son destin n'est pas celui du commun des hommes, belle enfant.... hihihihihihihi! "

C'était lui, Ikkyu le savait; ce rire, personne d'autre n'avait le même, et, bien que maintenant, il se présentait à eux sous la forme d'un vieillard, Ikkyu le reconnaissait et lui montrait, par son regard.

" Mais je ne sais quoi faire, Ô maître Govinda! La seule perspective claire est que je ne peux laisser mon Ikkyu vivre dans notre village!! Trop de gens lui en veulent de bouleverser nos traditions alors qu'il y a seulement un an, tout le monde le voyait déjà grand prêtre...
Je l'aime, vous le savez, maître, que dois-je faire? "

" Hihihihihi... Le laissez s'épanouir, hihihihihi!! Il n'y a que ça...
Mais, car je vois bien que mes réponses te semblent inadéquates, je vais me faire aussi clair que ta perspective...
Ton fils a été touché par les Dieux, Indhira, souviens-toi de sa naissance, il a été bénie!!
Il n'y a pas trois milles cinq cent quatre-vingt quatorze solutions à ton problème, mon enfant....
Abandonnes-le à lui même, et laisses les dieux s'occuper de lui... Voilà tout ce que je peux te conseiller, mais une mère, une BONNE mère, peut-elle faire cela?
Non!! Non, tais-toi, je n'ai pas fini....
(...)
Tu peux aussi m'en laisser la charge... Je sais ce dont il a besoin et m'en occuperais bien... N'est-ce pas, Ikkyu? Hihihihihihihihihi!!! "


Le choix fut très difficile, vous vous en doutez, mais le vieux ne montrait qu'une chose: il savait ce qu'il en était mais ne pouvait rien expliquer, car au dessus de la compréhension des hommes normaux.
Une semaine après, Ikkyu emménagea chez le vieux maître Govinda et la vie, SA vie, allait enfin pouvoir démarrer...






Préparation à l'entraînement; avant le départ pour "la face cachée de la Lune":

Quand il emménagea chez le sage Govinda, Ikkyu ne fut pas plus que cela déstabilisé de "l'abandon" perpétré par sa famille. Allez savoir, peut-être s'en doutait-il un peu, peut-être qu'il était heureux de changer de quotidien, ou bien était-ce ce personnage si charismatique qu'était le vieil homme qui attisait en lui sa curiosité.
Toujours est-il que la séparation fut bien vite consommée...

Durant, les premiers jours, les premières semaines même, Maître Govinda se contenta de donner de simples taches à l'enfant; il attendait que les choses viennent de lui, qu'il les provoque... Aller chercher de l'eau au puit, apprendre à faire cuire le riz, nettoyer, bricoler, et de temps en temps, méditer: voilà quel était le quotidien du jeune garçon.

Et il n'osait lui demander le pourquoi....... Pourquoi il l'entendait, parfois, dans sa tête, car le petit Ikkyu était presque sûr d'une chose: les rires effrénés et les quelques conseils qui lui parvenaient dans son esprit, chroniquement, étaient bel et bien portés par le vieux fou...
Maître Govinda, quand à lui, se contentait de l'observer. Et il riait de voir cet enfant, habitué aux petits soins que lui conféraient sa situation sociale, trimer comme un valet, mais jamais, il ne l'entendait se plaindre...


* Ça fait passer le temps * pensait Ikkyu, observant par moment le vieil homme qui, souvent, se penchait sur un livre dont il aurait pu jurer le voir briller...

" Maître! Que.. quel est ce livre?.... J'aimerais bien apprendre à lire, moi... "

Le livre claqua, fermé avec vigueur par Govinda. Le regard du sage se fit alors insistant... Était-ce le moment?

" N'y a-t-il rien d'autre que tu voudrais savoir, Ikkyu? Je commençais à me demander si tu oserais prendre la parole un jour, tu sais? Hihihihihihihi!
Hum... Et puis... tu sais déjà lire en fait!! "


Que lui racontait-il donc? Lire lui? Il le saurait, non?
Mais, tandis que le vieil homme le regardait avec insistance, Ikkyu se mit à douter....

* Non, mais non!! C'est pas possible, j'ai jamais appris!!
En est-tu bien sur? Sais-tu au moins de quoi le destin est fait, Ikkyu?
Le destin? Mais je sais même pas c'que c'est!!

Le destin, Ikkyu, c'est ce que les étoiles ont prévu pour toi... Certains te diront que ce ne sont que des choix, d'autres, des coïncidences.... Mais tout cela est écrit, Ikkyu...
Tu veux apprendre à lire? *


" Ben c'est ce que je vous demandais!! "

Et le vieil homme éclata de rire..... Là, Ikkyu ne pouvait nier, ni douter: la fameuse voix était sans conteste la voix du maître.

" Mais vous faites ça comment? C'était vous le gamin quand je suis né? "

Govinda en fut tout de même étonné. L'enfant se rappelait de sa naissance, mais à bien y réfléchir, il s'en souvenait aussi... N'était-ce pas l'apanage des "maîtres du Destin"? (hj: oui alors j'explique: je me fait un trip là dessus. Govinda serait en fait l'archi mage d'Hécate de l'entropie qui cherche son successeur.... L'entropie, c'est le hasard, ou le destin, on peut le voir des deux façons... Malchance et chance ne sont que des conséquences de ce que maîtrise un entropiste. Les archi mages entropistes contrôlent donc les fils du destin, provoque les coïncidences, engendre les causes pour déterminer un effet....
D'où le livre que tient Govinda, le livre de la Destinée....)

" Héhé... Il était temps que tu me fasse part de tes doutes, mon petit... Grand temps, tu es en retard!!
Mais seul toi... et moi bien sur, le peuvent. Hihihihihi!!
(...)
Mon tout petit... Tu n'a même pas idée de qui tu es!! Et c'est ce que j'aime en toi, il faut dire.. Au lieu de t'enorgueillir de ce que tu peux faire, comme dans le bus, tu te souviens comment tu les as éclatés ces guignols ancrés dans les traditions comme une ancre à un bateau?... Bateau qui, en l'occurrence coule, hein!!
Et bien non!! Toi tu continues de faire ton petit bonhomme de chemin, ayant déjà admis tes pouvoirs.......
Mais revenons-en à ce que tu me demandais! Tu veux lire?
Et bien lis!! Hihihihihihihihi!! "


Le livre s'ouvrit alors de lui-même et Ikkyu le vit à nouveau briller de ces petites flammèches dont il ne connaissait même pas la couleur de certaines... Posant un regard inquiet sur son maître, ce dernier le rassura d'un simple sourire. Ikkyu s'approcha, traînant les genoux par terre et, enfin, fit la connaissance avec ce qui allait devenir son seul et fidèle ami!!!

Ouvert devant lui, le livre semblait très vieux... C'était la première fois qu'Ikkyu approchait d'aussi prés cet objet qui avait bien des fois attisé sa curiosité.
Il avait vu son maître penché dessus tant de fois que celui-ci aurait pu déjà l'avoir lu vingt fois depuis qu'il habitait avec lui.... Qu'est-ce qui pouvait bien engendrer une telle fascination? Voilà la question que se posait le jeune enfant, et qui, maintenant, devant le livre, sombrait dans l'évidence: ce fichu bouquin puant, racorni de tout coté, en ce qu'il semblait être un cuir de mauvaise facture, était, rien qu'à le voir, sans même le lire, Le Livre, celui qui racontait tout et bien plus, toutes les histoires étaient contenues en son sein, tous les récits imaginables ou non, toutes les éventualités, tout ce qui pouvait être admis de la conscience des hommes, et peut-être même de celles des Dieux...

Le livre s'était donc ouvert sur la première de couverture et, bizarrement, comme l'avait prédit le maître, Ikkyu sut lire ce qui avait été annoté en lettres de sang sur cette page (N.B: il est bien évident qu'Ikkyu ne sait pas vraiment lire, mais ce livre là, si!!):


Ô Hécate, Déesse dans les cieux, Déesse sur la terre et Proserpine aux enfers, O Mère des ombres, reine suprême de l'armée des morts ne lance pas contre moi tes légions, o Hécate fait plutôt qu'elles me servent. O triple Hécate, grande déesse qui procède aux enchantements, que ta divinité vienne à moi, que ta puissance m'environne, le ciel n'en sera point offensé !

Impermanence - tout est impermanence. La queue se dresse pour retomber ; la femme ne s'emplit que pour se vider en une convulsion qui ébranle le monde; la poétesse croît et ne devient voix que pour perdre cette voix quand la mort la saisit. Hécate je viens à toi au milieu des larmes, des abandons, des vents hurlants. Autour de mon cou, je noue les herbes de la sorcière pour exorciser l'impermanence, notre lot commun.

O Hécate, apprends-moi à louer la dépossession, la mort et la fugacité de tout - car avec ce flux je sais que coulent tes bienfaits.

(...)

Le noir se fit alors.... le vide! Mais vinrent bien vite quelques lumières: les vies vécues, celles qui vivaient, qui vivent et qui vivront.... Toutes attenantes et liées, toutes éclairant un lieu qu'elles ne discernent pas, se posant parfois devant un croisement, et choisissant, sans trop savoir pourquoi, telle ou telle voie, croisant ainsi d'autres lumières...
Ikkyu était tombé dans le livre, tout du moins en avait-il eut l'impression... Et il comprit sur l'instant que chacun, chaque vie était dépendante de l'autre, que le simple fait de respirer pour un humain pouvait entraîner la mort d'un faon, que dans le plus petit acte était là la marche du monde, que dans une fleur, la puissance d'une étoile régnait, ou que dans une parole, tout un monde pouvait s'écrouler: cause/conséquence... mais surtout dépendance de chacun envers le reste… Ikkyu entrevit en cet instant Le Destin, son seul et donc, fidèle ami!!


Saut dans le temps, apprentissage:

De dures années de labeurs suivirent pour le petit Ikkyu, dures années qui n'étaient, comme il le savait maintenant, que prémisse, douce introduction à ce qu'il allait advenir de lui...
Le sage Govinda se montrait ferme et stricte envers le garçon, mais le livre qui lui avait été légué était une telle récompense que ce traitement ne pouvait être que de faveur; il le savait!!

Ikkyu apprit donc ce qu'il en était des hommes et de leur choix, entrevit tant bien que mal le futur, et se plongea avec délice dans le passé.
Mais le plus grand secret qui lui fut dévoilé, lui fut bien sur accordé par son maître: celui des étoiles!!!


" Hihihihi!
Regardes donc le ciel et dis-moi où elles se trouve par rapport à toi? Où te situes-tu?
Dis-moi donc, hein? Hihihihi!!! "


La réponse vint d'elle-même et le jeune garçon de maintenant quinze ans se trouvait déçu de devoir répondre à qu’une question aussi banale... Le sage l'avait habitué à mieux!!

" Elles sont au dessus de moi, Maître!! Au dessus de nous!!! "

" Hahaha!! Intelligent tu peux être parfois, mais quel couillon tu peux me faire aussi, hein!! Ce doit être ça, l'Équilibre!! Haha haha!! "

Avec toute l'agilité que l'on ne pouvait pas soupçonner dans ce vieux corps malade, Govinda se leva en un bond et vint frapper le crâne de son apprenti, toujours en riant!!

" Quand donc cesseras-tu de voir avec tes yeux? Mmmmmmh? Quand?
Elles sont tout autour de nous, Ikkyu!! Tout autour!!
Ah, faut-il que toujours tu te laisses abuser de tes sens, hein!!
Pauvre idiot, va!!
Elles sont tout autour car la Terre, crois-moi est bien le centre de l'Univers!!
Mais l'espace n'a été créé par les Dieux que pour embrouiller l'esprit de l'homme afin qu'il ne s'en rende jamais compte.... Afin qu'il ne s'ennorgeuillise pas trop de sa position privilégiée!!! N'as tu pas pas vu dans Le Livre?
La naissance de la Vie se fait sur la Terre, mon tout petit..... Et la mort se poursuit là-bas- désignant les étoiles- car c'est à elle qu'aspire nos âmes!! "


Mais visiblement, le sage se retrouvait perplexe devant ce qu'il venait de dire et plongea dans une intense mais rapide réflexion:

" A moins que ce ne soit le contraire!!! Hihihihihihi!!
Toujours est-il que elles et nous sommes liés, hein!! Pieds et poings si je puis dire, corps et âmes...
Et tout un chacun possède ses étoiles car les Dieux eux-mêmes nous en ont données!! "


Et le maître se lança dans une grande explication: démontrant que tout homme avait sa constellation, que chacun avait ainsi en soi la force de plusieurs étoiles, mais que rares étaient les élus à, outre le savoir, le comprendre... Ceux-ci étaient les élus des Dieux, ceux mis en place sur Terre pour les servir, Eux, Athéna, Poséidon, Arès et tant d'autres... Hécate... Ceux-ci avaient conscience de leur cosmos!!

" Mais parmi ceux-là, ils y en a certains comme moi, toi et quelques autres, à qui il est permis, si je puis dire, de choisir leurs étoiles!
Permis car c'est bien un choix qu'il font, mais gros est le piège car ils n'ont pas intérêt à se tromper lorsqu'ils les désignent!!
Tu te souviens de ta naissance?
Tu te souviens que tu m'as vu ce jour-là?
Mais sais-tu aussi que je ne suis pas venu à toi, mon tout petit? Te doutes-tu qu'à défaut de me montrer, ce sont tes étoiles, sans même le savoir, que tu désignais dans le ciel?
Mmmmh, et sais-tu que si tu t'étais trompé j'aurais alors du t'exécuter? En Son Nom et parce que tu lui aurais fait perdre Son Temps. "


A ces mots, un frisson parcourut l'échine du jeune homme. Il n'avait pas vraiment peur des mots du maître, mais plutôt de ce qu'ils sous-entendaient.

* Il aurait du m'exécuter... Ils n'ont pas intérêt à se tromper lorsqu'ils les désignent!! *

Tout ceci présumait d'une force bien au-delà de celle du Sage et c'est bien cela qui, sur le moment, effraya le jeune adolescent car il n'imaginait pas cela possible, bien sur!!

Ceci fut le dernier enseignement de son maître et la sage Govinda mourut trois jours après, le sourire aux lèvres quand il prononça ces derniers mots:


" Hihi...kof kof kof... hi...
N'aies pas peur car elle t'aime!! Tu ne peux pas imaginer plus grand amour, mon tout petit!!
Sers là comme elle le mérite, comme tu dois le faire!!
Je m'en vais mais elle va venir bientôt te chercher... kof kof...
Alors fais ce que tu sais que tu dois faire et ne te laisses pas abuser des autres Dieux, ils sont tous cinglés, hihihihihi!!!
Rends le bonheur qu'Elle te procure, donnes-le aux hommes pour qu'ils voient combien notre maîtresse est bonne... kof kof...
Et le reste!! Ben le reste tu t'en fous!! Hihihihihihihihihihihihihihihihi..... "



Désarçonné, le jeune enterra seul son maître. Il prit alors le livre et l'on ne le revit jamais. D'aucuns disent qu'il voyagea à travers le monde, ce qui est vrai, mais ce qu'ils ignoraient, c'est qu'il trouva un beau matin, un passage, ou bien était-ce le passage qui l'avait trouvé, mais cela n'est pas n'est pas important dans notre histoire: Ikkyu avait en effet trouvé le chemin menant directement à la face cachée de la Lune, le raccourci propre à ce que Le Livre lui réservait, le chemin du Destin lui-même pourrait-on dire, celui qui mène au royaume de l'immortelle et toute-puissante Hécate, la triple Déesse...




Errance, les derniers instants de l'homme Ikkyu; la naissance d'un Mage:

Je ne m'épancherais pas sur le sujet, mais il est préférable, je pense, de vous signaler en quelques mots ce qu'il advint de notre jeune ami sitôt qu'il eut enterré son maître; vous le comprendrez ainsi beaucoup mieux!!

Sans un regard sur son village, sans même le plus petit pincement au coeur, Ikkyu fit demi-tour devant la tombe de son maître et quitta ainsi son village natal!
Oh mais j'extrapole peut-être un peu car une pensée traversa quand même l'esprit du jeune homme. Celle-ci était tourné vers la seule personne qui pouvait prétrendre l'avoir ému: Sa mère?
Que nenni! Car ce fut la petite Samara qui apparut alors dans la tête d'Ikkyu, cette jeune fille qui avait changé sa vie, sans le vouloir, qui avait tracé son Destin, l'avait mis sur sa Route, l'avait emmené sur sa Légende Personnelle!
Mais, faisant demi-tour devant la tombe du Sage pour quitter le village, Ikkyu n'eut pas le temps d'apprécier cette sensation nostalgique s'il en était!
En effet, il se déroula alors un phénomène étrange: Le Livre se mit alors à briller de ces milles flammèches que notre ami avait déjà pu apercevoir le jour où il l'avait pour la première fois lu! Mais elles prirent cette fois consistance, ou plutôt était-ce que le garçon découvrait ce qu'il en était vraiment de ce précieux cadeau que lui avait donc légué son maître...

Les flammes dansaient autour du Livre, mais il y avait quelque chose d'étrange dans ce balai. Il semblait au garçon qu'elles étaient vivantes, mais comme perdues. Ikkyu auraient aurait pu le jurer: elles cherchaient quelque chose!!
C'est alors que, surpris, le garçon jeta Le Livre à terre; les flammèches s'étaient en effet avivés d'un seul coup et vinrent enserrer l'un de ses poignets, le brûlant donc à un degré qui aurait fait tourner beaucoup d'homme de l'oeil!


* Quand donc cesseras-tu de regarder avec tes yeux, Ikkyu? Crois-tu vraiment avoir été brûlé?
Ne me fais pas honte, veux-tu? Tu y étais presque, Hihihihihihihihihi.... *


La voix du Sage Govinda résonna cette dernière fois entre les temps du jeune homme et, pour rendre honneur à celui qui en définitive avait été comme son père, Ikkyu s'approcha, confiant en son maître mais méfiant envers le Livre...
Et il s'ouvrit... à la fin et, tandis qu'un nom disparaissait, un autre vint s'inscrire tout au bas de la page, comme une signature de l'écrivain.


Par mes lignes, je narre ce qu'il en est des hommes, des Dieux.
Par mon poids j'explique l'inévitable car il a déjà eu lieu pour celui qui me tient!
Je suis le Destin et ne me maîtrise pas, c'est ainsi que mon maître, Ikkyu, le fera pour moi!
Dans mes fils s'enlise tout un chacun pour faire le demain, mais libre dans leurs monde, prisonniers de leur être.
Dans mes pages s'explique les fautes, leurs causes et leurs tenants, pour que Lui , témoin ou bien jugeant, comprenne Sa Déesse!
Je suis le Destin, le pourquoi du comment, et Ikkyu, mon maître, saura ainsi comprendre la Déesse par mon demeurant!

Ce petit texte était expliqué, sur d'autres pages, et Ikkyu comprit alors quelle était maintenant sa place: avec Le Livre, il saurait pourquoi Hécate portait tel ou tel jugement sur La Terre, pourquoi elle serait ou non aimante des humains ou bien haineuse quand à leur devenir... Tout ceci restait encore bien flou dans l'esprit du jeune homme, mais il n'y avait pas à dire: une machine venait de se mettre en marche et Ikkyu était l'un de ses rouages!
Les flammèches revinrent, vivantes et cherchant à nouveau quelque chose... mais c'est avec plus d'hésitation cette fois qu'elles vinrent enserrer le poignet du garçon qui, fermant les yeux pour ne pas voir, espérant ainsi ne pas sentir la douleur, sentit alors un poids...
Ouvrant les yeux pour se rendre compte, il ne vit plus les flammes, Ô magie!! En effet, il y avait maintenant une sorte de bracelet accroché à une chaîne reliant Le Livre...
Ikkyu comprit ce qu'il en était et permit alors au Livre de le reconnaître comme le nouveau maître du Destin, comme son nouveau maître:


" Il est temps!! Ensemble nous comprendrons la Déesse!! "

Le bracelet se referma et Ikkyu reprit le Livre, quittant enfin le village tandis que l'image de la petite Samara revint à son esprit sitôt le "clic" de fermeture effectué!





Ikkyu rentra alors dans une période d'errance... observant les hommes, allant à leur rencontre, les fuyant parfois. Pendant deux années, il voyagea beaucoup, cherchant à comprendre dans son ensemble l'humanité! Sa personnalité muta totalement: le garçon était devenu un homme, enfin si l'on peut dire...
Souvent il partait seul dans la Nature pour se plonger dans Le Livre, absorbant avec ferveur l'histoire des hommes, cherchant à comprendre leur choix! Il en vint à les détester parfois, bien qu'au fond il leur pardonnait leur bêtise flagrante, mais il ne pouvait comprendre ce qui les avaient emmener à s'accaparer la Terre, pourquoi ils avaient décidés qu'elle leur appartenait à eux, plutôt qu'aux fourmis dont ils avaient détruit le nid afin de construire leurs routes... Ikkyu ne saisissait pas non plus pourquoi l'homme, seule espèce au monde à se détruire elle-même, s'enorgueillissait tant de sa sacro-sainte conscience!! N'en était-il pas pour autant un animal? Et s'il n'en était pas un, justement, sa tache ne devrait-elle pas être de prendre soin, de par sa si "grande intelligence", du reste?
Ikkyu prit donc le parti de la Terre et de l'Eau, combattant fervent du respect de la Vie, et ce, contre l'homme, ou du moins son esprit!!
Car n'allez pas croire qu'il en était venu à vouloir exterminer cette engeance-là! Non, bien sur que non, c'eut été trop aisé: il décida, donc, comme il était écrit dans Le Livre, d'aller à la rencontre de Sa Déesse, la sombre Hécate, et de l'aider à guérir l'homme de son plus grand mal: l'égo!! Il s'était vautré dans l'orgueil? Trés bien, Ikkyu n'en ferait que cendre!! Il s'était inventé un monde à la mesure de sa pourriture? Trés bien, Ikkyu n'en ferait que cendre... car ce n'est pas en commençant par le toit que l'on construit une maison, mais bien par les fondations....

Et c'est de cet haine que notre ami puisa la force de découvrir, par lui-même, la puissance de la Magie d'Hécate, sa force...
Le Sage Govinda lui avait bien fait comprendre cette puissance qui résidait en lui: le cosmos, mais jamais, ô grand jamais, Ikkyu n'avait pu consciemment user des sphères. Mais l'esprit du jeune homme, si revanchard envers la bêtise de l'homme, puisa en lui la détermination nécessaire à l'accomplissement de sa voie! La sphère entropique commença ainsi à se dévoiler à lui, les fils du Destin venaient de trouver leur musicien!


Ainsi soit-il, ou la naissance d'un archi mage:

Notre Ikkyu était paisiblement en train de lire, devenu presque autiste car il faut bien le dire, réussir à lire au milieu d'une rue d'une grande ville, avec son agitation, ses voitures, son brouhaha incessant, ses travaux, relève bien de l'exploit... Notre Ikkyu était donc en train de lire quand une voix le sortit de son récit.
Ces derniers temps, l'hirsute avait décelé dans Le Livre quelques destinées particulières. En effet, les personnes marchant sur ces voies-là étaient conscientes de leur choix là où le simple homme s'était inventé un monde et, fatalement, s'était éloigné de la plus petite possibilité de comprendre sa propre vie, ce qui la menait.
Ikkyu ne sut que penser de ces hommes, mais ressenti quelque peu de sympathie à leur égard, de fraternité.

* Ces hommes-là n'existent pas pour eux!! Ils ont voués leur vie à une cause bien au-delà de l'existence humaine... mais si liée à elle en même temps!
Ils ont choisi, en connaissance de cause, de s'oublier pour conquérir l'idéal de... celui? celle?... ce à quoi ils se vouent! *


Ainsi, pour la première fois de son existence, Ikkyu ne se sentit plus seul bien qu'il ignorait tout d'eux- fait qu'il trouvait d'autant plus étrange - comme le fait que parmi ces hommes se cachait là certains de ses futurs ennemis: les chevaliers, guerriers divins, spectres et autres!!

Mais revenons à nos moutons!! Une voix donc, un chant de fillette, vint sortir le mage de sa lecture...
Ikkyu bondit du rebord de fenêtre sur lequel il s'était perché pour la voir.

* C'est impossible, voyons!! Ce ne peut... *

Le front luisant, la stupeur sur le visage, Ikkyu cherchait sans trouver. Il ne pouvait pas se tromper, pourtant! Cette voix, il l'avait aussitôt reconnue; cette chanson, il ne l'avait entendu qu'une fois!!

" Samara?!!?!??!!! " Lâcha-t-il dans l'air face à son impuissance pour trouver la fillette!

Mais elle ne se dévoila pas à lui... Tout juste entendit-il son rire qui partit se perdre dans une ruelle adjacente!
A toute berzingue, Ikkyu courut pour la rattraper, ne dénotant pas l'étrange de la situation... Bien évidemment, il trouva la ruelle vide.
Il se laissa alors tomber, genoux à terre, et ouvrit devant lui Le Livre pour y trouver la fillette. Pris d'une frénésie sans pareille, il fouillait et fouillait au travers des innombrables pages cherchant le destin de l'enfant... mais rien n'y fit, aucune trace... Logiquement, il revint vers les premières pages, celles le concernant, comptant remonter le temps depuis le jour de cette si fameuse rencontre, le jour de l'incident dans le bus.
Là encore, Ikkyu se trouva face à l'échec... Il ne voyait pas Samara, celle qui avait pourtant déterminé le courant entier de son existence. Tout juste aperçut-il une légère impulsion du destin, un rajout, une manipulation de la réalité - Ikkyu n'aurait su dire - mais peut-être qu'en somme, cette jeune fille n'avait jamais existé...

Stupéfait, le vagabond crut sur le moment devenir fou, ou plutôt voilà qu'il comprenait qu'il l'avait toujours été!
Se prenant alors la tête entre ses mains, commençant à hurler pris par une panique sans borne, Ikkyu allait sombrer dans les affres de la démence quand Le Livre commença à s'emballer. En effet, les pages commencèrent à se tourner vigoureusement d'elles-mêmes. C'était comme si un vent furieux en agitait les feuillets, dans un sens, puis dans l'autre, comme si une énergie titanesque s'était soudainement emparé du bouquin et cherchait, mais sans méthode, sans patience, ni sans prendre soin du Livre, une page bien particulière.
La frénésie de l'objet cessa comme elle avait débuté, subitement, et Ikkyu se pencha sans réfléchir pour voir ce qu'il en était!
Quelle ne fut pas sa surprise quand il tomba sur son propre destin, sur l'instant même qu'il était en train de vivre, dans cette ruelle...

" Et il dut faire son choix... accepter ou se perdre! " Lit-il alors a haute voix, comme si quelqu'un devait l'entendre- peut-être lui, qui sait?-, rien d'autre.

Mais les mots se fondirent et les pages disparurent... comme lors de sa toute première rencontre avec le Livre.

Moment de confusion intense, sentiment d'être perdu à la croisée d'un chemin, quand tout à coup à coup, dans la nuit, apparaît la lumière d'une torche...

Ikkyu vit alors se dessiner, pour son propre salut bien qu'il ne s'en doutait pas, une image sur Le Livre.




Sans trop savoir pourquoi, Ikkyu se sentit d'emblée beaucoup mieux, rassuré et, alors qu'à nouveau il entendit la voix chantonnante de la fillette, il se dressa, fier, tandis qu'à la suite du récit de son propre destin, dans Le Livre qu'il avait récupéré par terre avec soin, s'inscrivait les mots: il choisit alors la Magie plutôt que la Folie et mon maître, par cette décision, naquit!!

" Ah mais ça va pas s'passer comme ça, ma jolie!! Je suis le maître du destin, moi!! Master of destiny himself, ma cocotte!!
Non mais oh!! "


La toute-puissante Déesse; la Triple Hécate:

La nuit tombait et le rire de la petite Samara résonnait dans la ruelle! Ikkyu, de son coté, avait complètement changé de comportement en ce sens qu'une confiance extrême en ce qu'il allait advenir ce soir-là l'envahissait maintenant.

S'enfonçant plus avant dans la ruelle, il s'adressa à la défiante fillette:

" Pourquoi se jouer de moi? Et comment le peux-tu?
Serions-nous de la même engeance? "

Mais pour toute réponse, seul ce rire, moqueur et joyeux à la fois, lui parvint.
Ikkyu jugea qu'il était bien plus que temps d'user de son pouvoir et, concentrant son cosmos, en appelant à ces étoiles qu'il avaient lui-même choisi, il s'enquit de bidouiller comme il le faudrait le Destin.
La chose était bien sûr moins évidente que d'accoutumée: ne percevant pas la gamine dans Le Livre, il ne pouvait donc influer sur sa destinée. Qu'à cela ne tienne, c'est sur la sienne, ma foi, qu'il se pencherait...


Ikkyu se concentra une nouvelle fois, sachant maintenant ce qu'il comptait faire. Catalysant son énergie dans sa main, il ouvrit Le Livre et l'y plongea. Le magicien s'empara alors des fils que les Dieux avaient tissés pour lui, et, malgré une certaine résistance qu'il décelait d'ailleurs pour la première fois, il se cousus un futur pour le moins... providentiel!! Un peu de chance par-ci, beaucoup de magie par-là: le sort en était jeté: au prochain croisement la fillette se trouverait...

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'au détour de la ruelle, il tomba, je vous le donne en mille, sur un lion!!
Maléfice!! S'était-il trompé? N'avait-il pas tiré sur les bons fils ou bien était-ce Samara qui s'était transformé?
Il se souvint alors de la résistance éprouvée lors de sa manipulation de la réalité et se dit * Sans nul doute, j'ai bien là un adversaire à ma hauteur!! Grand bien me fasse!! *

Mais le lion approchait, bavant devant ce potentiel festin; et Ikkyu, toujours fier, le toisait de tout son long!

" N'est dupe de ton manège que la mouche évitant ton haleine, Samara!!
Je te cherchais, je t'ai trouvé, et crois-moi, il n'est pas écrit qu'en ce soir je serve d'apéritif!! "


Car il était clair pour l'élégant vagabond que seule la magie pouvait ainsi délivrer artifice! Samara était une consoeur, Ikkyu en était persuadé maintenant et le Destin, bien que si tard, leur donnait le droit de jouer en cet instant!

" Viendez donc, roi d'opérette- Ikkyu, tout de grâce, adressa une révérence à la bête - mais attention..., ta pauvre tête - le "poète" releva lentement la sienne - il se pourrait que du ciel, elle reçoive une... euh... une... - se redressa, perplexe - UNE FÊTE!!
Ouais, il se pourrait bien que le ciel lui célèbre une fête, Mwahahahahaha!! "


Heureux de cette classe toute subjective qu'il portait de manière évidente selon lui, Ikkyu n'en demeurait pas moins prêt à combattre. Il ne fut donc pas surpris lorsque le lion commença à courir vers lui pour attaquer.

* Que la fête, pour le lion, soit!! *

Un fracas énorme se fit entendre tandis que le lion bondissait sur sa proie! Et l'animal comprit, mais un peu tard qu'en guise de jeu de scène, c'était un avertissement que le mage lui avait donné!
Des toits, comme par magie, funeste coïncidence, tombèrent milles tuiles chacun, quelques poutres et autres briques, ensevelissant complètement l'animal!
Sur le coup, Ikkyu eut peur d'en avoir trop fait, mais quand, bien vite, il entendit quelque chose se remuer sous le tas de débris, il se sentit aussitôt beaucoup mieux.

S'approchant alors pour aider sa consoeur transformée à se dégager de ce pétrin, Ikkyu entendit un hurlement à vous glacer le sang...
Il lui sembla alors qu'à lui aussi, le ciel avait réservé une fête car, étrangement, c'était bien du ciel que venait ce hurlement à la Lune!!
Et voilà ce que vit notre ami quand il se tourna vers d'où provenait le son:



Saisi de stupeur, Ikkyu ne se rendit pas tout de suite compte que tout, je dis bien TOUT, avait changé autour de lui! Omnubilé qu'il était par cet ombre gigantesque sur la Lune, le jeune homme ne se rendit compte que bien plus tard qu'il avait été transporté, comme par magie^^, dans une plaine sauvage où ne résidaient que nombre de peupliers noirs.
La peur commençant à le saisir, il se tourna donc vers le tas de tuiles, toujours présent et duquel quelques bruits de gigotements s'échappaient et le ramenèrent à la "réalité".
Voulant tout de même venir en aide à la petite Samara, sous quelque forme qu'elle soit, Ikkyu s'approcha et commença à débarrasser quelques les plus gros débris qu'il pouvait. Le tas s'amenuisa vite et enfin il allait la voir.

* Espérons qu'elle ne soit pas trop blessée... *

Mais à défaut d'une fillette, à défaut d'un lion majestueux, c'est un chien, étrangement, qui lui fit bientôt face. Légèrement blessé, l'animal sortit d'un bond des restes qui l'ensevelissait. Il observait d'un oeil seulement notre ami et vint se lécher les quelques blessures épars, ça et là, qui saignaient.
Ikkyu s'en voulut de n'avoir su contrôler son pouvoir. Plutôt que de l'empêcher d'approcher, il n'avait trouver d'autres solutions, dans l'excitation du défi, que de lamentablement lui faire mal: cela était beaucoup moins classe, en définitive, que ce à quoi il avait prétendu.
S'approchant, le regard pitoyable, le vagabond déchira quelques bouts d'un pan de sa robe avec lesquels il entreprit, soigneusement, de panser les plaies les plus vilaines de l'animal meurtri.
Mais visiblement la bête n'en voulait nullement à l'homme. Il semblait même sourire quand il vint lécher tendrement le visage de notre bon ami et lorsqu'il se leva ensuite, se postant fièrement sur ses quatre pattes pour, une nouvelle fois, hurler à la Lune!!!

La magie a cela de merveilleux qu'elle possède le don d'attirer les regards, et Ikkyu, en bon spectateur, ne put donc s'empêcher de porter son attention sur le noeud de la scène. Le hurlement de la créature sembla de nouveau venir du ciel mais cette fois-ci, la scène fut tout autre:



La jeune femme, apparition pour le moins enchanteresse, souriait à l'intéressé et semblait vouloir lui montrer quelque chose. De ses mains gracieuses et habiles, elle tournait en effet la Lune elle-même et, pour celui seulement qui était là, l'observant en même temps qu'il la subissait, allait être donné à voir ce qu'il appartient à peu d'homme d'assister: la face cachée de la Lune allait lui être dévoilé et Ikkyu crut presque comprendre ce qu'il vivait!!

" Hécate!!?!???!!.... "

Le rire enfantin se fit alors entendre, et Ikkyu se retourna. Le temps s'était ralenti au possible à cet instant pour le jeune homme: allait-il voir sa Déesse? Était-ce la raison pour laquelle Samara n'existait pas dans Le Livre? Rêvait-il?
Son coeur battait à la chamade, se préparant presque à stopper net quand ses yeux tomberaient sur la triple Déesse, mais il n'en fut rien!!!

Il n'y avait là qu'une jument à la robe superbe, couleur de nuit, et dont les yeux semblait n'être qu'étoiles.
Ikkyu ne se fit pas prier quand l'animal s'avança vers lui, l'invitant visiblement à grimper sur sa croupe, mais le plus étonnant arriva quand celui-ci se mit à galoper en direction d'une petite fille, chantonnante, riante, petit fille qui, vous l'aurez deviné, ressemblait trait pour trait à la jeune Samara, bien que les années aient fait leur travail:



Et elle chantait, dansait sous la nuit, ne se préoccupant à aucun moment de la jument qui bientôt lui galoperait sur le nez...
Mais comme un tour ne vient jamais seul, Ikkyu ne s'étonna même pas de voir la jeune fille s'agenouiller, ses cheveux la recouvrant de tout part; cheveux qui commencèrent à s'allonger pour atteindre des proportions lovecraftiennes, traçants maintenant une route vers le palais de l'immortelle Hécate!! Et le cheval continua son galop, grimpant donc sur ce chemin tout droit tracé, emportant celui qui avait accepté d'embrasser son Destin, de tenir celui des autres entre ses mains, l'archi mage Ikkyu, maître de la Destinée!!

" Whouhouuuuuuuuuuuuuuuuu!!!
Taïoooooo!!!! "

La face cachée de la Lune; la Reine de l'Ombre:

Ceux qui croient que la Lune est une planète creusée, presque difforme, où la vie n'est pas et que le Soleil ne daigne éclairer que sur une seule de ses faces n'ont pas eu la chance d'avoir un vieux maître, fou pour le commun, et dont l'enseignement principal résidait dans le fait qu'il ne fallait pas se fier à ce que les yeux nous donnaient à voir!!

Ikkyu repensait à cela... le paysage devant lui se dévoilant, l'archi mage commençait à se rendre compte qu'en définitive, il était présent dans le royaume d'Hécate dès le moment où il s'était engagé dans la petite ruelle, cherchant à retrouver la petite Samara qui n'existait pas!!
Il en sourit et se souvient alors de quelques moments passés avec son maître: la peur ressentie quand il comprit qu'il y avait des forces bien au delà de celle du sage Govinda, l'amour dont ce dernier parlait et dont Elle était capable pour ceux qui la servaient!
Oui, il fallait bien une force incommensurable pour créer un tel univers, et oui, il fallait bien aimer ses serviteurs pour leur créer un tel royaume...



La reine se tenait devant lui, lui souriant ou l'ignorant parfois, lui donnant à voir, enfin, ses visages.
En effet, selon l'angle duquel Ikkyu la regardait, un visage différent se présentait à lui, ses trois visages... Il y avait celui de celle qu'il avait cru être Samara, douce et futile, se contentant de plaisir simples comme le jeu ou une chanson, ou bien celle-là aux cheveux blancs, sombre, le regard triste, songeant à un monde qui pouvait être meilleur mais dont, peut-être, elle était seule à rêver, et puis enfin il y avait l'élégante femme vêtue de blanc, portant ce qu'il semblait être une torche, lumière dans son royaume qu'est la nuit, daignant éclairer le chemin à l'égaré...




Le cheval s'étant évaporé, Ikkyu tomba à terre, retenu par il se doutait quelle force pour ne pas se ficher la gueule en l'air. Pendant quelques secondes qui lui parurent infinies, le vagabond élégant s'imprégna de ce lieu à l'image de Sa Déesse, de ses trois visages à la fois.
Il s'approcha enfin, tandis que le rire de l'enfant s'étendait dans l'air, les larmes de la triste femme tombaient par terre et la lumière de la tierce réchauffait la terre... Posant genou au sol, Ikkyu savait bien quoi faire: demander à Sa Reine de daigner l'accepter, le prendre sous son aile pour qu'il puisse la protéger.
Mais il ne dit rien, baissant simplement la tête, lui présentant Sa Chaîne, Son Livre, lui ouvrant pour qu'elle se rende compte d'elle même, si ce n'était déjà fait, que lui Ikkyu, maître des Destinées, archi mage de la sphère entropique, à elle seule, était dévoué!!
Il ne le vit mais la Déesse sourit, appréciant en fait cet preuve car Le Livre ne pouvait mentir, décrivant simplement ce qu'il allait advenir.
Plongeant sa main dans le bouquin, Hécate en sortit un pentacle. Se posant alors devant le jeune homme, lui relevant la tête, elle sertit alors son front de ce symbole de magie...

" Par cet Arcane, Ikkyu, je t'accepte!! Que cette armure soit tienne et que ta vie soit mienne... "

Elle lui sourit enfin, simplement, avant de venir déposer un baiser sur son front, le troisième oeil pour ceux qui vivent en Inde....

Et Ikkyu se retrouva à nouveau dans cette rue, si sale et si loin de ce lieu de quiétude qu'était le royaume de Sa Maîtresse.
Par réflexe, il porta une main à son front, comme pour vérifier que folie lui avait été épargnée et que l'Arcane lui avait bien été léguée...
Elle était là, comme incrustée au fer chaud sur son visage, et rassuré, l'archi mage remit en place ses étoffes de tissus dont il se vétissait pour arpenter les rues et comprendre, encore et encore, à quel moment l'homme s'était égaré.
Il était maintenant une des torches pour éclairer le monde, triste d'assister au spectacle de la décadence des hommes, mais empreint d'une force sans pareille que lui prodiguait une certaine chansonnette...
Ecrit par Nihilism is the chapel!!, le Mardi 6 Mars 2007, 22:14 dans la rubrique "Délires...".


Commentaires :

  Balkiara
Balkiara
30-03-07
à 11:01

J'ADORE

Alors, j'avais déjà lu la première partie et je suis hyper contente d'avoir pu lire la suite. J'adore ta façon d'écrire, j'adore tes idées, j'adore ton imagination... en un mot je t'adore tout simplement ! Les images que tu as choisies s'intégrent très bien dans l'histoire (mais il y en a une qui n'apparaît pas)... Il est vraiment particulier ce petit personnage, il est complètement différent de ce que l'on peut voir habituellement et on s'y attache.

Tu dois continuer à écrire, car c'est hyper plaisant à lire, mais maintenant que tu as commencé, je pense que tout le monde sera d'accord : ON VEUT LA SUITE !!!  XPDR